Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
L’AMOUR NE MEURT PAS

tableau aux couleurs tendres. Je lui dépeins le pauvre étudiant enfermé entre les quatre murs étroits de sa cellule dans les mansardes, assis devant une petite table presque nue, et regardant avec tristesse les vieilles tentures en papier. C’est l’ennui toujours… Je lui promets de la rejoindre bientôt et d’aller confier des secrets aux herbes, aux arbres, aux buissons, aux collines et d’aller graver sur l’écorce de quelque jeune chêne, deux noms que nous retrouverions plus tard dans notre vieillesse, si nous devions avoir tous deux une longue vieillesse qui prolongerait très tard, très tard notre amitié et notre amour.

« Rose, écrivais-je, entre quatre murs enfermé, je suis triste, bien triste. J’éprouve parfois des moments de mauvaise humeur que je n’ai jamais encore ressentie. Je n’aime plus les vacances comme autrefois. Les plaisirs en sont fades ; les heures douloureuses ; je n’en aime pas les jours, ils sont trop longs et trop ennuyeux ; j’ai en horreur leurs nuits, elles sont remplies de cauchemars. Le jour qui finit est marqué par douze heures de découragement ; la nuit qui s’avance me plonge dans un désespoir plus profond. Si je jette les yeux sur un des murs de ma chambre, il me semble y voir : « Elle est absente pour longtemps ». Si je regarde sur l’autre mur, je vois : « Encore un long mois d’attente ». Les rayons de ma bibliothèque m’offrent une science sèche auprès de laquelle les larmes causées par l’absence n’osent pas couler de peur de se refroidir au contact de ces livres sans sentiments, et l’œil humide de l’ami éloigné de l’amie ne peut les regarder, dans la crainte d’y trouver