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L’AMOUR NE MEURT PAS

vième année. De mon côté, je ne lui cachais pas l’ardeur de cet amour et les souvenirs qui m’en étaient restés pendant quelque temps ; je lui montrais les déchirements de l’âme et du cœur que j’en avais éprouvés ; je lui laissais voir les plaies qui avaient saigné longtemps ; mais aussi, je lui prouvais qu’elle seule, pauvre Rose-Alinda, avait pu panser et guérir ces plaies et ramener le sourire sur mes lèvres, la joie en mon cœur et fait briller l’espérance en mon âme autrefois déçue et découragée.

Dans mes lettres, je répétais souvent à ma Rose comme j’avais hâte de la revoir et d’aller la rejoindre à Ste-Martine où elle devait terminer ses vacances. Le 19 juillet, je lui envoyais une carte souvenir que j’avais peinte moi-même. C’était tout ce que le pauvre étudiant pouvait lui offrir le jour anniversaire de sa naissance. Charmante Rose, elle en fut plus touchée et m’en fut plus reconnaissante que si, riche, je lui avais donné un cadeau dispendieux.

Pendant la promenade de Rose à St-Jean, nous nous écrivîmes chacun six lettres que j’ai conservées et que j’ai même transcrites dans un cahier spécial. Ce sont de véritables perles dans un écrin précieux que je veux garder avec un soin jaloux jusqu’à ma mort. J’ai continué par la suite à conserver toutes les lettres de ma bien-aimée. De son côté, ma Rose conservait toutes mes lettres qu’elle m’a remises après notre union pour réunir en un seul trésor toutes nos correspondances respectives. Ce trésor, je le lègue à mes enfants pour qu’ils en fassent un autodafé entre la tombe de ma Rose