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L’AMOUR NE MEURT PAS

dresse et de son amour qu’elle me dévoile mieux et plus que jamais. Dans ma réponse, je lui ouvre toutes les pages de mon cœur. Je lui fais des confidences que je n’ai jamais osé lui faire auparavant. Je lui dévoile toutes les espérances dont mon âme est remplie. Ma plume trace des pages et des pages d’une écriture serrée, et cependant il me semble que je n’en ai pas assez dit. C’est un débordement d’idées, de pensées, d’espoirs. L’ennui, la tristesse y versent des larmes que sèche peu à peu le souffle de l’espoir d’un prompt retour. Puis l’amitié et l’amour font entendre leurs consolations, expriment leurs sentiments affectueux et l’ardeur de leur feu ; enfin c’est de la passion que ma plume trace en caractères brûlants. Quand je termine ma lettre, il me semble que j’ai épuisé toutes les forces de mon âme, que j’ai fait résonner toutes les fibres de mon cœur. J’ai tout dit et cependant je voudrais encore parler, écrire ; mais ce ne sont plus que des pleurs et des sanglots que je ne puis exprimer sur le papier.


Nous passâmes une partie des vacances de 1886 éloignés l’un de l’autre à nous écrire des lettres remplies des plus belles promesses et des plus tendres reproches ; l’éloignement est si triste, si lourd et parfois si couvert de nuages pour ceux qui s’aiment sincèrement, qui sont jaloux de leur bonheur qu’ils craignent toujours de perdre, que parfois on devient injuste et soupçonneux. Parfois ma Rose me reprochait mon premier amour pour une brune Québecquoise, l’amour de ma dix-neu-