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L’AMOUR NE MEURT PAS

programme, elle les approuve par délicatesse, mais elle ne s’en soucie pas. C’est fête à St-Jean ; c’est le jour des régates ; la foule l’énerve ; elle préférerait la solitude. Les promenades en chaloupe, même sur l’onde paisible, la fatiguent. Elle rencontre une amie bonne tireuse de cartes ; elle lui met un paquet de cartes entre les mains et lui demande un peu des choses de l’avenir. Elle se trouble ; elle s’inquiète des choses qu’elle s’entend dire. Elle est triste et n’aime déjà plus la campagne dont les plaisirs n’ont aucun attrait, aucun charme pour elle. Elle pleure Montréal qu’elle voudrait revoir de suite.

Hélas ! je trouvai cette lettre trop courte. Je l’aurais voulue plus longue, plus chaude, plus vibrante. Il me semblait que les lignes en étaient trop espacées, les mots trop froids, les sentiments trop indifférents. Cependant ma Rose y avait mis tout son cœur, toute son âme. Les sentiments qu’elle y exprime sont doux et tendres. Son cœur parle, je le sens aux battements du mien. Je voudrais prolonger cet entretien qui répond si bien au besoin de consolation que j’éprouve. Douce Rose-Alinda, elle a compris que le plus à plaindre n’est pas celui qui part, mais bien celui qui reste, parce que, tous les jours, à tous les instants, ce dernier revoit les lieux, les choses qui lui rappellent l’être disparu, l’âme chérie éloignée. Quand je relis cette lettre aujourd’hui, de longues années après l’avoir reçue, je pleure de joie et je la trouve remplie des plus belles pensées et des sentiments les mieux exprimés d’un grand amour qui se dévoile.

Je fus reconnaissant à ma Rose-Alinda de sa ten-