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L’AMOUR NE MEURT PAS

de caresses pour chercher à me procurer quelques consolations ; mais en vain. Tantôt je prenais un livre ; j’en tournais les pages sans les regarder ; j’en prenais un deuxième, un troisième ; je n’y trouvais rien de consolant. C’est ainsi que je passai la soirée et la nuit. Seuls ceux qui ont vraiment aimé peuvent comprendre les tristesses et les angoisses causées par le départ et l’éloignement d’une amie. Je ne sortis de ma chambre que le lendemain pour aller à l’Hôpital, où je passai la plus grande partie de la journée à panser les malades et à chercher auprès d’eux quelques consolations ; j’ai toujours trouvé un soulagement moral à faire la charité et à exercer le bien. L’aumône, quelle qu’elle soit, pratiquée au nom d’un disparu ou d’un absent, ne semble-t-elle pas amoindrir nos peines et adoucir ce que les souvenirs peuvent avoir de douloureux ?

Pendant deux jours interminables, j’attendis une lettre de ma chère disparue. J’avais peur qu’elle ne m’oubliât. J’avais des accès de jalousie. J’enviais le bonheur de ceux qui allaient l’approcher. Je la voyais par les yeux de l’imagination et de la pensée, dans ses promenades en chaloupe, ses marches à travers la campagne, ou sous les arbres qui bordent le chemin et dont la pâle lumière de la lune ne peut percer le feuillage. Mes jours étaient tristes et mes nuits remplies de cauchemars et de rêves troublants. Je m’éveillais en sursaut ; je dormais difficilement, et le matin j’étais triste et morne. Le jour je ne savais que faire après mon service de l’hôpital. J’errais par les rues de la ville ou j’allais sur le port comme si la vue de l’eau et des bateaux