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d’une jeune fille belle comme l’aurore. Timide et réservée, cette jeune fille, qui paraissait avoir seize printemps, donnait ses deux mains à son partenaire de danse sans les lui abandonner ; et le jeune homme, plein de respect pour la timidité de sa compagne, tenait une des petites mains de la jeune fille au bout de son bras tendu, pendant que son autre main effleurait les doigts satinés appuyés sur la hanche à peine ébauchée de la jeune fille. Tous deux, avec des mouvements gracieux, cadençaient leurs pas au rythme de la musique qui jouait une valse méditation. Quand le dernier accord de la danse résonna, la jeune fille remercia son charmant compagnon, et elle alla s’asseoir auprès du petit vieillard. Quelques minutes plus tard elle l’entraîna sur la véranda pour respirer l’air frais de la mer. Et le vieillard jetait un châle de cachemire sur les épaules de l’enfant qui lui souriait et le regardait avec ses grands yeux pleins de tendresse ; la vieillesse couvrait l’adolescence de son manteau protecteur, la jeunesse soutenait et réchauffait le vieil âge. Tous deux marchaient d’un pas lent ; le petit vieux, la tête basse, semblait chercher dans les ombres des colonnes de la véranda l’ombre ou l’image d’un être disparu, et la jeune fille, le regard rêveur tourné vers la voûte céleste, interrogeait les étoiles sur son propre avenir.

Assis sur la véranda, vis-à-vis l’embrasure d’une fenêtre de la salle, je fumais un pur havane dont la fumée s’échappait à travers la cendre grise en longues spirales ou en cercles bleuâtres. Je regardais d’un œil indifférent les mouvements chorégraphiques des jeunes