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L’AMOUR NE MEURT PAS

que la plupart du temps je me couchasse très tard. L’étude prenait la plus grande partie de mon temps, mais jamais rien ne m’empêcha que, trois ou quatre fois par semaine, je pusse passer la soirée avec ma Rose-Alinda. Qu’aurait été ma vie sans elle ? Je stimulais mon ardeur à l’étude par la vue et la pensée de ma Rose-Alinda toujours présente à mon esprit. Quand je commençais à transcrire mes notes, quand j’en finissais le dernier mot, je traçais les trois initiales de son nom ; c’était un hiéroglyphe que j’étais seul à comprendre, et qui disait toute ma vie, toutes mes pensées, tous mes sentiments, tous mes désirs. Quand je commençais à étudier ou à lire, et quand je fermais mes livres, je pensais à elle ; c’était comme une invocation à l’amour demandant la compréhension, la constance et le courage, ou c’était une action de grâce à celle qui était ma force.

Dans nos soirées, en tête à tête, ou dans nos promenades, je disais à ma Rose les misères et les ennuis des études de la médecine ; elle me décrivait la grandeur et la sublimité de ma profession. Je lui en dépeignais les tristesses et les heures d’angoisses ; elle m’en montrait les beautés et les consolations. Je mettais les ombres au tableau ; elle y jetait les reflets et les jeux de lumière. J’étais l’âme timide qui tremble ; elle était la force qui relève et le feu qui réchauffe. J’étais la main qui demande ; elle était le cœur qui donne. Elle sut me comprendre ; elle sut m’aimer comme on doit vraiment aimer, et elle me façonna selon son cœur et son esprit qui comprenaient la grandeur de la mission de l’homme sur la terre.