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L’AMOUR NE MEURT PAS

geaient la route sont tombés de vétusté ou frappés par la cognée dévastatrice. Et ce jour-là je n’ai plus entendu le pépiement des oiseaux, et sur les fils suspendus je n’ai pas vu les moineaux rassemblés. Les chevalets mal équilibrés du vieux pont de la vieille Ben-Oui ne font plus de grands cercles dans l’eau calme de la petite rivière ; ils ont disparu avec le pont et la vieille Ben-Oui ; et l’onde coule paisiblement, sans la barque qui nous balançait et nous portait jusqu’au vieux moulin qui élève encore ses murs massifs à mes yeux attristés.

Il est vrai, quarante-deux années se sont écoulées depuis le jour où j’allais à Ste-Martine, cueillir la plus belle des roses, et que ne fait le temps, l’impitoyable temps, en quarante-deux années ? Il vaut mieux n’y pas penser… Seule la petite maison si hospitalière, berceau de nos amours, est encore debout. Je me suis arrêté en face, les larmes aux yeux, le cœur oppressé, l’âme défaillante… Je me suis revu dans la petite fenêtre de la lucarne d’où je regardais ma Rose entrer à l’église, le matin. Oh ! passons, passons… le cœur me fait mal… j’étouffe… c’est trop triste… trop de souvenirs me reviennent qui me font regretter les jours heureux disparus depuis trop longtemps… ce n’est plus ici que le désert avec sa tristesse, sa désolation… Je veux du haut du Golgotha chercher un peu de consolation, retrouver un peu de paix pour mon âme, en adressant une prière pour celle et à celle qui n’est plus. Je veux revoir, dans l’église où nous avons si souvent prié ensemble, l’âme de ma Rose chérie. Oh ! elle y est encore et elle m’invite à y entrer.