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L’AMOUR NE MEURT PAS

première. Toutes deux étaient destinées à faire le bonheur de leurs époux.


Il était tard quand je quittai ces deux nouvelles connaissances dont je m’étais fait déjà plus que deux bonnes amies ; cependant il me semblait qu’il était trop tôt pour réintégrer ma chambre dans la demeure de mon père. Qu’y aurais-je fait ? Dormir ? Le pouvais-je réellement dans l’état d’âme où je me trouvais ? Je dirigeai mes pas je ne sais où, marchant toujours à travers les rues de Montréal sombres, désertes et endormies. La brise froide me fouettait la face, et il me semblait que le vent était chaud. J’avais la tête en feu, mes artères battaient à se rompre ; j’éprouvais des palpitations ; mon esprit affolé divaguait ; mon âme inquiète, et pourquoi ? se troublait. Combien de temps ai-je ainsi parcouru les rues de la ville ? Je ne saurais le dire. Quand je rentrai dans la maison paternelle, tout dormait, excepté mon père qui se levait souvent la nuit, pour fumer sa pipe et voir si tous ses enfants étaient revenus et reposaient paisiblement. Tout dormait, excepté aussi notre petit chien skye-terrier, nommé Barbet, qui ne se couchait jamais que le dernier de nous ne fût entré. Il attendait patiemment au haut de l’escalier, sa tête aux longs poils penchée vers la porte qu’il surveillait avec une attention persistante. Quand le petit Barbet me vit entrer, il descendit l’escalier avec joie, s’accrocha à mes jambes, me fit mille caresses, remonta avec moi et s’étendit à mes pieds quand je me jetai