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L’AMOUR NE MEURT PAS

l’aurait jamais faite aussi belle, aussi douce, aussi bonne, aussi sainte pour ne m’en donner la jouissance qu’un seul jour. M’aurait-il prêté son corps, son cœur, son âme pour ne m’en faire goûter les charmes qu’un seul instant, pour me faire languir ensuite et mourir sans espoir de ne jamais la retrouver ? Ô mon Dieu, Tu es moins cruel, Tu es plus juste. Tu existes, Ô mon Dieu et pour ta gloire, il Te faut des anges et des saints qui chantent tes louanges. Et les saints, où les prends-Tu, ô mon Dieu, sinon sur la terre parmi ceux qui ont aimé ? Ô espoir divin, je retrouverai donc près de Toi, ô mon Dieu, celle que j’ai tant aimée. Ma Rose ne plus exister, cela ne se pouvait donc pas ; et pour calmer les angoisses qui rongeaient mon cœur, qui minaient mon âme, je priais et je faisais prier. J’essayais de retrouver dans la prière ma foi et la foi de ma Rose. J’essayais de prier comme ma Rose priait et comme j’aimais à la voir prier.

Avant de mourir, j’ai voulu revoir le berceau de nos amours. Je me suis fait conduire à Ste-Martine. Hélas ! j’ai gravi les derniers degrés de mon calvaire. Ô tristesse ! Ô désolation ! En entrant dans le village et en le parcourant, je n’ai plus rien retrouvé du Ste-Martine d’autrefois, oh ! si peu, si peu que j’en eus le cœur gonflé, l’âme anéantie. Le sentier qui conduisait à la gare est devenu un grand chemin. Sur la voie principale du village, les chaumières ont disparu, avec les jardins qui les embellissaient ; de grandes bâtisses carrées se sont élevées à leur place, qui en ont enlevé tout le charme et la poésie. Les grands arbres qui ombra-