« J’ai perdu ma Rose sur la terre ; elle est morte, et la mort c’est la fin de la vie ; et après, plus rien, pas même une ombre. Je ne la reverrai plus jamais sur la terre, et dans l’au-delà, s’il y en a un, la retrouverais-je jamais ? Dans mon désespoir, je ne voyais plus rien au delà de la vie éteinte, et j’avais, malheureux, des doutes sur l’existence d’une vie future. Mon chagrin aveuglait mon esprit et affolait mon intelligence, et mon amour me rendait sourd à tous les raisonnements. Oui, dans mon désespoir, je me disais : « Existe-t-il une autre vie où je retrouverai ma Rose avec tout son amour ? » Et je me disais souvent aussi : « S’il est une autre vie dans l’au-delà, serait-ce ma Rose, ma vraie Rose que je retrouverai ? Mais, en supposant qu’il y ait une autre vie, et que dans l’au-delà ma Rose me reconnaisse quand mon heure sera arrivée d’y entrer, quels tourments ne dois-je pas endurer ici-bas seul avant que cette heure tant désirée n’ait sonné ? Ne plus la voir, ne plus lire dans ses yeux bleu tendre si doux, ne plus toucher ses beaux cheveux blonds, ne plus sourire à sa bouche toujours souriante, ne plus déposer de baisers sur ses joues tendres et ses lèvres frémissantes, ne plus constater les élans de son cœur et en compter les palpitations, ne plus entendre sa voix murmurer les mots d’amour qu’elle savait si bien dire, Ah ! martyre de tous les instants. Ah ! la mort, la mort, plutôt que cette agonie terrible ; et si c’est le néant après, eh bien, je ne souffrirai plus de son absence, de sa perte.
Et je me disais dans mon affliction : « Oh ! mon Dieu, mon Dieu, anéantissez-moi et que je n’aie plus de ces