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L’AMOUR NE MEURT PAS

par la pensée de mes enfants. Ce qui me reste ? Ton chapelet que tu aimais tant, à qui je puis adresser ces vers de Lamartine :

« Toi que j’ai recueilli sur sa bouche expirante
Avec son dernier souffle et son dernier adieu,
Symbole deux fois saint, don d’une main mourante,
Image de mon Dieu,
....................
Voilà le souvenir, et voilà l’espérance. »

Ton chapelet, ma Rose, voilà le souvenir le plus beau, le plus précieux et le plus cher à mon cœur et à mon âme. Ton chapelet, enroulé autour de ton bras et de ta main, et son crucifix, que tu venais de porter à ta bouche, me semblaient la clef du ciel qui ouvrait ses portes pour t’accueillir. Les grains de ton chapelet, en cristal taillé en facettes, avaient la teinte bleue du ciel et brillaient comme des milliers d’étoiles pendant un soir calme et serein. C’était une vision du bonheur céleste qui t’attendait. Ce chapelet sacré, je veux, en le récitant souvent pour toi, en aplanir les facettes sous mes doigts en t’attendant. Et le crucifix, je le baiserai pour y retrouver à tout instant ton dernier baiser et ton dernier soupir, dans l’espoir d’y laisser bientôt mon dernier baiser et mon dernier souffle et ma dernière pensée pour toi. Ce chapelet, c’est ton souvenir et l’espérance de te revoir bientôt.

Sais-tu, chère Rose, ce que j’éprouve quand je relis ces lettres que tu m’as laissées comme souvenir ?