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L’AMOUR NE MEURT PAS

végète, ce sont les défaillances du cœur qui saigne. Vivre, c’est aimer, mais mon amour n’est plus de la terre. Oh ! ma Rose, ma Rose, vas-tu attendre longtemps encore avant de me tendre la main et de m’appeler à toi ? Veux-tu me faire payer sur la terre d’exil tout le bonheur que tu m’as donné ? Oh ! non, non, car il me faudrait t’attendre toute une éternité.

Ô ma tendre Rose ! que m’as-tu laissé en partant ? Tes lettres, tes missives, remplies des plus douces consolations et des meilleurs conseils, tes lettres que je veux conserver avec un soin précieux pour y puiser la force et le courage en t’attendant. Ce qui me reste de toi, ô chère Rose ? Le souvenir de ta beauté, de ta bonté, de ta douceur, de ta charité, de ton amour ; le souvenir du bonheur que tu m’as donné toujours ; le souvenir de ta bouche si souriante, de tes yeux si doux, de tes cheveux si beaux, de tes baisers si tendres et si ardents, de ton cœur si aimant, de ton âme si compatissante ; le souvenir de tout ton être qui me suit partout et toujours ; le souvenir du dernier baiser que tu me donnais lorsque, un instant avant ton dernier soupir, tu me tendais les bras, tu me pressais sur ton cœur et que ta bouche expirante déposait sur ma joue le dernier gage de ton amour. Ce qui me reste ? Ton petit drapeau qui me fait rêver du ciel. Ce qui me reste ? L’écho des dernières paroles que tu me disais quand je te demandais de venir me chercher : « Tu as tes enfants, toi ». À ce moment, je l’ai compris, ton chagrin était grand, très grand, de me laisser seul sur la terre, et tu as voulu me consoler