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L’AMOUR NE MEURT PAS

Par hasard, quand je vais par les chemins que nous avons si souvent parcourus ensemble, je me hâte d’en sortir parce que trop de souvenirs y sont attachés qui me gonflent le cœur et me font monter les larmes aux yeux. Dans mon bureau quand je travaille, il me semble qu’à tout instant tu vas encore entrer et me donner tes bons baisers avant de partir ou en revenant. Mais, hélas ! j’attends toujours en vain. Le soir quand je rentre dans ma chambre, mes premiers et mes derniers regards sont pour ta couche toujours vide, et je me hâte de m’y reposer, espérant toujours y dormir bientôt mon dernier sommeil.

Ô ma Rose, toi que j’ai tant aimée et tant désirée avant de te posséder ; toi que j’ai encore plus aimée et plus choyée quand je te possédais, pourquoi me laisses-tu vivre seul sur la terre ? Et qu’est-ce que la terre sans ma Rose ? Qu’est-ce que la vie sans ma Rose ? La terre sans ma Rose, c’est un exil où l’ennui et le chagrin me ravagent et me minent sans aucun espoir ; c’est le désert impitoyable, sans jamais d’oasis, sans eau, où le soleil brûle et rend fou avant de tuer. La Vie sans ma Rose, c’est la barque qui a perdu son nautonier au moment où le phare s’est éteint. Qu’elle vogue, cette barque, où la poussent les vents et les tempêtes ; qu’elle se brise sur les écueils ; qu’elle s’abîme dans les profondeurs des flots, peu m’importe, il n’y a plus que la nuit sombre et le gouffre autour de moi. La vie sans ma Rose, c’est la terre privée du soleil, de sa lumière et de sa chaleur ; des ténèbres glacées m’enveloppent. La vie sans ma Rose, ce n’est pas de la vie, c’est la souffrance dans l’âme qui