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L’AMOUR NE MEURT PAS

les avait noirs. La blonde avait un teint blanc plutôt pâle ; la brune avait la peau plus animée sans être trop colorée. Les yeux de la première étaient grands, ronds, d’un beau bleu pâle, un peu gris, changeant facilement de teinte, passant avec rapidité d’une nuance plus faible à une nuance plus foncée suivant les impressions de l’âme ou les mouvements du cœur. Ils exprimaient la douceur, la timidité même, l’amour langoureux ; parfois ils devenaient sévères, mais ce n’était qu’un éclair. Les yeux de la seconde, plutôt petits, mais bien fendus, étaient noirs, brillants. On aurait dit que les paupières, bien ombragées de longs cils soyeux, craignaient de trop s’ouvrir pour en montrer les feux. Rose-Alinda avait l’ovale du visage plus arrondi ; sa sœur, plus allongé. La bouche de la première, plus grande, avec des lèvres plus épaisses, disait la bonté, la soumission et l’amour dévoué ; la bouche de la seconde, petite, aux lèvres minces, indiquait plus d’orgueil, plus d’indépendance, et parfois certains plis y montraient le dédain. La blonde, plus posée, plus tranquille, paraissait plus froide ; mais le cœur, plus ardent chez elle, semblait brûler sous une écorce moins transparente. La brune, plus agitée, moins timide, cachait un cœur froid sous les apparences de la frivolité ; les moindres vibrations en étaient plus marquées, plus sensibles, mais seulement en apparence. On s’attachait plus facilement à la blonde ; on était plus timide auprès de la brune. La première paraissait sincère, la seconde moqueuse. C’étaient deux types complètement différents qu’on aurait pu aimer autant, à la différence qu’on s’attachait plus vite à la