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L’AMOUR NE MEURT PAS

l’âge le plus tendre ? N’était-ce pas assez ? Après, pouvions-nous encore verser des larmes ? Il nous semblait que toutes les sources en étaient taries tant nous avions versé de pleurs. Mais non, tu es encore revenue, horrible mort, plus cruelle que jamais, et dans un accès de rage féroce, tu t’es acharnée sur notre enfant bien-aimée, notre fillette de quinze ans, notre benjamine, notre petite Germaine, dont nous n’avons cessé de porter le deuil. Était-ce tout ? N’en avais-tu pas assez ? Hélas ! non, tu es revenue, plus impitoyable, me frapper dans ce que j’avais de plus cher, de plus précieux au monde. Tu as abattu mon idole ; tu m’as enlevé ma Rose, tout ce qui me restait de cœur. Ô mort, tu m’as blessé cinq fois ; tu as courbé ma tête ; tu as déchiré mon cœur ; tu as anéanti mon âme, et tu vas maintenant laisser longtemps saigner mes plaies. Je suis seul maintenant, comment pourrai-je supporter tes horreurs ? Qui me soutiendra désormais ? Au moins quand tu frappais nos enfants, j’avais l’amour de ma Rose pour soutenir mon courage, relever mes forces, j’avais ma Rose pour pleurer avec moi et me consoler. Mais je suis seul maintenant ; je n’ai plus d’amour pour m’aider à supporter le nouveau martyre que tu m’infliges, plutôt j’ai trop d’amour, car l’amour ne peut pas s’éteindre en moi et je n’en souffre que plus ; l’amour me tue lentement. Ô mort ! pourquoi ne me frappes-tu pas ? Pourquoi n’achèves-tu pas ton œuvre ? je suis la dernière victime. Je t’attends, bourreau qui as frappé mes enfants et ma Rose. Frappe-moi donc ; abats-moi donc ; tu ne seras plus un bourreau, tu seras l’ange libérateur, l’ange que