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L’AMOUR NE MEURT PAS

nuptiale et recevoir la bénédiction des épousés donnée par l’abbé Durocher. Ma Rose, agenouillée sur le prie-Dieu au pied des autels, était belle à exciter l’envie des anges, qui la contemplaient de là-haut, si ce péché avait encore pu se commettre dans les cieux. Et moi, je la trouvais si belle, si belle que je ne cessais de la regarder, de l’admirer, de la désirer. Elle était à moi pour toujours, toute à moi, à moi seul. Je n’aurais plus de pensées, de désirs que pour elle, elle seule dans le temps et l’éternité. J’avais envie de le crier au ciel, à la terre, aux anges, aux saints, aux hommes, à tous les êtres animés et à tous les êtres inanimés, aux arbres, aux fleurs, aux champs, à la nature tout entière : Rose, ma Rose est à moi, à moi seul pour l’éternité.

La lune de miel se levait belle, radieuse dans un ciel d’un bleu tendre, lune de miel qui ne connut jamais aucune éclipse. Jamais le moindre petit nuage, la moindre petite tache ne vinrent en ternir l’éclat. Toujours claire, toujours brillante, elle ne cessa pas un seul instant de répandre ses reflets argentés sur la longue route que nous avons parcourue ensemble, route qui a cependant paru trop courte parce que trop remplie de joie, de bonheur et de bienfaits. Malgré les fondrières et les ornières, malgré les obstacles inhérents à toute route terrestre, nous avons toujours suivi notre chemin avec bonheur parce que nous nous aidions mutuellement, parce que notre amour passionné et réciproque nous soutenait. Les épines le long de la voie semblaient émoussées ; les chardons, veloutés ; les corolles des convolvulus, plus blanches et plus éclatantes ; les marguerites, plus grandes