Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
L’AMOUR NE MEURT PAS

qui vient m’étaler ses diamants dont elle me fait une description minutieuse comme si je ne les voyais pas et si je ne savais pas en apprécier la valeur. Pauvre veuve, elle m’énumère ses richesses pour me tendre un appât. Je feins de ne pas comprendre ses intentions. Peu lui importe ; elle répète le même manège tous les jours. Mais elle est si peu attrayante, si peu appétissante, la pauvre veuve, même avec ses beaux bijoux, que je suis toujours prêt à lui crier : « Vous m’ennuyez, veuillez sortir de mon bureau ».

Oh ! combien souvent, quand j’étais seul à écrire à ma Rose, je voyais, tout à coup dans l’entre-bâillement de la porte, le petit nez futé de la petite chatte qui grattait comme si elle eût demandé la permission d’entrer. Et je lui disais toujours : entre, charmante petite chatte, et viens m’amuser par ton babil intéressant ; je t’aime mieux que la veuve.

Mes lettres, dans lesquelles je donnais des descriptions enchanteresses de St-Césaire et mes succès dans la pratique de la médecine donnèrent à ma Rose un avant-goût du bonheur dont elle jouirait dans un endroit aussi beau, aussi agréable, et lui firent aimer la place et ses villageois. Aussi avait-elle hâte d’y venir, tout d’abord pour retrouver son Elphège qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps et en second lieu pour aimer les personnes qui étaient si sympathiques à son fiancé.

Enfin l’aurore des beaux jours apparut le mardi, 4 septembre 1888, à Ste-Martine. Vers les dix heures du matin, nous entrions à l’église pour entendre la messe