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L’AMOUR NE MEURT PAS

tard ». — « Ah ! quelle femme ! quelle folle, devrais-je dire, continue Rose dans sa lettre. Elle se base sur un petit livre qui dit toujours la vérité. Tiens… je suis toute bouleversée ; pourquoi me prédire des choses semblables. Mon Elphège, je ne crains pas qu’une autre prenne ma place auprès de toi ; mais si la mort me ravissait mon fiancé, que deviendrais-je ? On m’aurait percé le cœur avec une lance, que je n’en souffrirais pas plus. Ensuite, quelle insulte de me dire : prenez-en un autre ! Si tu m’étais enlevé par la mort, pourrais-je en prendre un autre ? Non, jamais. Si tu m’étais infidèle, penses-tu que je pourrais encore me fier à quelqu’autre ? »

Quel amour ! quelle confiance en son Elphège ! lui, lui seul, et jamais d’autre. Oh ! Rose, que je t’aimais quand tu me parlais ainsi. Pouvais-je ne pas aimer pour la vie une telle Rose, une telle fiancée ? Pourrais-je jamais l’oublier ?

Le 21 juillet, Rose est à Montréal où elle vient acheter sa toilette de noce qu’elle porte chez la couturière. Elle m’envoie, dans une lettre très courte, qu’elle écrit à la hâte parce que ses minutes sont comptées, un échantillon de l’étoffe de sa toilette qui est en riche tissu de soie bleu gobelin. Chère Rose, elle a épinglé le petit morceau de soie tout au haut de la troisième page de sa lettre. L’épingle est perdue depuis longtemps, mais les petits trous qu’elle a faits dans l’étoffe et le papier sont encore visibles. Après tout, est-il besoin d’une épingle pour attacher les souvenirs de ma Rose. Oh ! quels doux parfums exhalent cette lettre et ce petit morceau de