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L’AMOUR NE MEURT PAS

conserver toute sa vie après qu’elle m’eut connu et aimé. J’étais son Elphège et non pas son docteur. Quelle douceur, quel charme pouvait-il y avoir dans ce mot si simple, si commun : docteur, qui semble plaire quelquefois à celui qui s’entend interpeller comme à celui qui interpelle ; mais c’est un mot froid, sans signification aucune qui n’indique pas même la science chez celui qui le porte. Quelle différence dans le mot Elphège qui lui rappelait tout son amour. Elle y mettait toute son âme en le prononçant avec une intonation toute spéciale qui disait aussi toute la grandeur de son amour et de son amitié. Il me semblait que chaque fois qu’elle m’appelait de sa voix si douce, c’était toujours la voix de nos premières amours qui m’interpellait. Chère Rose, elle semblait me dire continuellement que je n’avais jamais été autre chose que son amour, son Elphège. Et moi, depuis le premier instant que je la connus, je n’ai jamais eu d’autre nom à lui donner que celui de Rose-Alinda, ma Rose. Ce nom, c’était celui de l’amie la plus sincère ; c’était le nom de la fiancée la plus attachée et la plus aimante ; c’était le nom de l’épouse la plus dévouée. Pouvais-je jamais le changer et lui trouver un synonyme aussi significatif, aussi vrai et aussi doux ? Non, jamais ; car il était tout à la fois le nom de mon amie, de ma fiancée, de mon épouse. Il me disait mon premier amour qui n’avait jamais cessé d’augmenter. Trop de souvenirs étaient attachés à ce nom pour jamais cesser de le prononcer. Mon épouse était toujours restée ma fiancée et mon amie, dans mon cœur, mon esprit et mon âme, et je voulais le lui dire à tout instant et pour toujours en