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L’AMOUR NE MEURT PAS

ne me troublèrent pas ; j’en avais déjà entendu d’autres beaucoup moins agréables. J’étais souvent appelé en consultation chez leurs patients et je m’efforçais toujours d’être poli et délicat avec eux. Je gagnai ainsi leur confiance et leur respect sinon leur amitié.

J’aimais St-Césaire ; je m’y plaisais beaucoup, car pendant tout l’été un grand nombre de jeunes gens et de jeunes filles de Montréal ou des villes environnantes vinrent y passer leurs vacances, égayèrent le village et y mirent de l’animation. Plusieurs fois la semaine, nous avions des soirées dansantes chez un vieux garçon riche et aimant tant le plaisir qu’il nous aurait réunis tous les soirs si nous l’avions écouté. Je me rendais à toutes les soirées autant pour me faire connaître que pour connaître les jeunes couples et m’attirer leur sympathie et leur clientèle.

À ma pension, chez madame Beaure, j’étais on ne peut mieux, bien logé, bien nourri, dans la meilleure des familles. Madame Beaure était une autre dame Boulé qui eut pour moi les mêmes attentions et les mêmes délicatesses de Madame Boulé de Lowell. Je fus choyé dans cette maison du bon Dieu, à tel point que ma Rose en éprouvait de la jalousie quand je lui disais la manière dont on me traitait. « Vraiment, mon cher Elphège, m’écrivait-elle, je suis presque jalouse des bons soins et surtout des petites attentions que te prodiguent madame Beaure et sa famille. Oui, je suis jalouse, parce qu’on me devance dans tous ces petits soins dont je devrais moi-même t’entourer. Tout de même je n’en suis pas froissée ; qu’on continue à te soigner et à te