Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
L’AMOUR NE MEURT PAS

certainement à ma Rose, à qui je voulais exprimer immédiatement tout le bonheur que j’éprouvais. Je décrivais avec beaucoup de détails toutes les beautés du village, ses belles maisons, son magnifique couvent, son grand collège, ses rues d’apparence assez propre, et surtout sa bonne société. La température agréable de ce jour-là me montrait la campagne sous un aspect déjà riant ; les arbres bourgeonnants et les prés verdoyants sous un soleil plutôt chaud m’invitaient aussi à revenir. Les toilettes légères et pimpantes des dames qui assistaient à la grand’messe annonçaient l’aisance des villageois et des campagnards. Les notes gaies de la fanfare pendant l’office religieux avaient eu une grande influence sur ma décision. En terminant ma lettre, je demandais à ma Rose si le tableau que je lui peignais de St-Césaire était assez gai et riant pour lui plaire ; je lui demandais si elle y voyait plus de lumière que d’ombres.

Le mardi, 3 avril, ma Rose me répondait : « Juge de ma surprise hier soir en lisant, à l’en-tête de ta missive, ces mots : St-Césaire. J’ai cru un instant que tu voulais me faire courir un poisson d’avril… Mon ami, comme toi, je fais une neuvaine qui se terminera samedi matin ; saint Joseph devra donc bon gré mal gré nous accorder la grâce que nous lui demandons. C’est probablement lui qui t’a conduit dans St-Césaire… Tu ne saurais croire comme ta lettre me fit du bien… Oh ! Elphège, que je t’aime quand tu fais parler ton cœur de la sorte. T’aimer ! le mot n’est pas assez expressif ; tu es ma vie, tu es mon tout… »