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L’AMOUR NE MEURT PAS

dimanche, premier avril, j’assistais à la grand’messe dans une grande église construite en planches brutes qui ressemblait plus à une belle grange qu’à la maison de Dieu ; c’était un bâtiment qu’on avait élevé temporairement en attendant de construire la belle église qui fait aujourd’hui l’orgueil de la paroisse. La fanfare du collège exécuta plusieurs morceaux de choix pendant le Saint-Office. Comme j’étais alors encore un peu musicien, le son des instruments à vent et la beauté des morceaux m’impressionnèrent tellement que je décidai sur le champ de m’établir à St-Césaire.

Après le dîner, je rendis visite au curé, M. Provençal, qui fit un peu comme le député. Il n’osait pas se prononcer carrément, mais ses paroles prêtaient à un double sens que j’interprétai favorablement. Quant aux Pères du collège, que je vis le même après-midi, il me fut facile d’en obtenir de suite une réponse plus favorable. Le Père Legault, un des supérieurs, ancien camarade de collège, et le Docteur Pinet, mon oncle, médecin de la Maison mère des Pères de Ste-Croix, me furent deux auxiliaires puissants qui m’ouvrirent toutes grandes les portes du collège. Le même jour, M. D… me conduisait chez madame Beaure qui consentait à me louer deux chambres, dont une pour mon bureau et l’autre pour ma chambre à coucher ; elle s’engageait de plus à me pensionner.

Revenu seul à l’hôtel, je passai ma soirée à terminer la lettre que j’avais commencée la veille pour ma Rose. J’écrivais très longuement, car j’étais heureux d’avoir enfin trouvé un village qui me convenait et qui plairait