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L’AMOUR NE MEURT PAS

Arsène Bernard, qui me conseilla d’aller immédiatement à St-Césaire, comté de Rouville, et de m’adresser à monsieur D…, beau-père de M. G…, député de Rouville à la législature de Québec. Le samedi suivant je me rendais à St-Césaire où je pris une chambre à l’hôtel Robidoux. Dans la soirée, je rencontrai M. D…, homme affable et bon qui me rendit de grands services. Nous causâmes longtemps avec Madame et mademoiselle D… Pour de nombreuses raisons qu’il m’énuméra, M. D… m’engageait à me fixer à St-Césaire. « Maintenant, me dit-il quand la soirée fut un peu avancée, nous nous rendons chez mon gendre, notaire et député. Je suis absolument certain qu’il ne vous encouragera pas ouvertement à vous établir dans le village où il y a déjà deux médecins ; mais veuillez bien comprendre ses paroles et ne leur donnez pas le sens que tout autre non averti y attacherait. Mon gendre est un député conservateur qui a été élu malgré la très forte opposition libérale du village ; et vous comprenez, en politique ou pour un politicien, il vaut mieux dans certaines circonstances ne pas parler trop ouvertement, ou même il vaut mieux cacher sa pensée sous des paroles contraires à ses propres opinions.

En effet, par les réticences du député, je compris facilement qu’il serait heureux de l’arrivée d’un troisième médecin recommandé par son beau-père. Les réponses du député, malgré leur apparence décourageante, me comblaient de joie. Je reconduisis M. D…, en le remerciant beaucoup de sa bienveillance, et je rentrai à l’hôtel pour commencer ma lettre à ma Rose. Le lendemain