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L’AMOUR NE MEURT PAS

saint, je visitai quelques missions avec le bon curé qui fit tout en son pouvoir pour me retenir. J’aurais estimé et aimé ce bon curé qui désirait beaucoup un médecin canadien-français recommandé par son ami intime MacM… Je trouvais la petite ville ni laide ni ennuyeuse, mais trop anglaise pour m’y plaire. Ma Rose ne l’aurait pas plus aimée.

Pendant le trajet de retour de Grenville à Montréal, je pensais bien un peu au désappointement que m’avait causé ma visite dans la petite ville, mais je ne me décourageai pas pour cela ; j’avais tant confiance dans les prières ferventes de ma Rose, que j’étais absolument certain de trouver une excellente place, où, à défaut de fortune, le bonheur au moins nous sourirait bientôt. Encouragé par les bonnes paroles et par l’exemple de ma chère Rose, je priais moi-même peut-être plus que je ne l’avais jamais fait auparavant. Je vois d’ici beaucoup d’esprits forts sourire quand ils me liront ; mais peu m’importe leur jugement, rien ne m’ôtera de l’idée que la prière est une force et un réconfort dans la vie de l’homme, qu’il soit jeune, mûr ou vieilli. Pendant mon séjour au collège, je n’ai été ni un bigot, ni un dévot, mais j’aimais la prière, et rien ne me plaisait tant, en montant du réfectoire après le souper, que d’aller à la chapelle pour y faire une longue oraison avant d’entrer en récréation. C’est peut-être par la prière que j’ai toujours soutenu mes efforts dans le travail, dans mes études et mon ambition vers les premières places en classe et plus tard dans le monde. La prière s’allie très bien au travail ; elle encourage dans les succès ; elle console et