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L’AMOUR NE MEURT PAS

aigu par une route qui conduisait à une autre campagne pas plus gaie. Qu’aurais-je fait dans cette pauvre campagne du nord, moi citadin, qui n’avais connu que les campagnes riantes pendant les vacances ?

Le curé Dugal, de Cloquet, Michigan, faisait miroiter à ma vue les deux cents dollars qu’il m’assurait par mois. L’éloignement du Canada ne souriait pas à ma Rose. Je répondis négativement au bon curé. On me redemandait à Lowell, mais j’en avais assez de cette ville. Ste-Agathe, qu’on me conseillait, était alors une pauvre place où je n’entrevoyais aucun avenir favorable. St-Michel ne me souriait pas ; c’était trop petit et trop éloigné des grands centres. On me suggérait Batiscan, l’Assomption, Yamachiche, Ste-Clotilde, St-Paul de Chester, Hochelaga, et que d’autres places !

Le 19 mars, 1888, j’ai passé avec succès la plus grande partie des matières d’examen, il ne m’en reste plus que quelques-unes, les plus faciles. Je suis heureux de l’annoncer à ma chère Rose qui doit être dans des transes mortelles. En même temps je lui envoie l’Adieu de l’étudiant. Elle me répond immédiatement : « C’est avec une joie délirante que j’ai reçu l’Adieu de l’étudiant. D’habitude un adieu resserre le cœur et fait verser des larmes ; mais l’adieu d’aujourd’hui, c’est le salut à l’aurore de la vie nouvelle ; c’est le sourire du jour qui point. La nuit est disparue ; les ténèbres sont dissipées ; les mauvais rêves, les cauchemars se sont enfuis et sous la rosée de ce nouveau matin, de plus fortes plantes vont germer, de plus belles fleurs vont s’épanouir que nous cueillerons