autant confiance en ses ferventes prières qu’en mon savoir. Du moment que ma Rose priait pour moi, j’étais sûr d’arriver premier ; et c’est ce qui arriva en effet. Ma Rose était si dévote, si pieuse et si sainte que le Très-Haut et les Saints qu’elle invoquait ne pouvaient pas ne pas lui accorder les grâces qu’elle demandait avec toute la ferveur et toute l’ardeur que je lui connaissais dans ses prières.
Ce n’est pas tout pour l’étudiant en dernière année de travailler beaucoup à la préparation de ses examens ; ceux-ci passés, il lui reste une question d’un intérêt capital à résoudre, question tellement importante et qui demande tant de réflexion qu’il lui faut y penser longtemps à l’avance, car il s’agit de l’avenir. Ce n’est pas en un jour qu’on peut régler cette question, qui préoccupe peu l’étudiant riche ou le jeune médecin pécuniairement à l’aise, mais qui demande beaucoup de sagacité de la part de l’étudiant pauvre. C’est la question de s’établir dans un bon endroit pour y faire au moins sa vie, sinon la fortune. Déjà, en septembre 1887, pendant ma vacance à Ste-Martine, je commençai à visiter, en compagnie de ma bonne Rose, les endroits qu’on me désignait comme propices à tenter la grande aventure de ma vie : l’établissement de mes pénates. Le jeune docteur Hervieux, de Ste-Philomène, qui devait plus tard devenir si célèbre, nous conseillait d’aller à St-Étienne ou à St-Cyprien qu’il croyait être avantageux pour un débutant. St-Étienne n’avait pas de médecin ; mais la campagne, quoique riche, était bien petite et le