Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les cauchemars auraient été moins pénibles. C’est inénarrable ce que l’on peut souffrir de l’inquiétude. Pour me consoler je me disais qu’il n’y avait que la maladie pour t’empêcher d’écrire à ton jour habituel ; je ne voulais pas penser que tu pusses m’oublier, c’était trop cruel. Vois, cher Elphège, quelle triste consolation je m’imposais pour ne pas douter de ton amour. Oh ! mon Elphège chéri, sans le vouloir tu peux donc faire de la peine à ta pauvre Rose ».

D’un autre côté, si par bonheur, ma lettre lui arrivait en avance, ma chère Rose se hâtait de m’en remercier en termes des plus chaleureux. Ses impressions trahissaient toute sa belle âme ; ses sentiments partaient du tréfonds de son cœur, et je percevais que quelques fibres nouvelles en étaient touchées qui donnaient des sons plus doux et plus harmonieux.

Pauvre Rose ! quand je devais passer quelques jours de vacance chez sa sœur à Ste-Martine, elle ne se possédait plus tant la joie s’emparait de tout son être. Elle ne trouvait plus de mots assez justes pour me le dire dans sa lettre ; les expressions lui manquaient pour rendre ses sentiments. « J’ai tellement hâte de te voir, me disait-elle, que je suis incapable de t’écrire ; tu me pardonneras la brièveté de ma lettre, n’est-ce pas ? Cette brièveté te montre la grandeur de mon bonheur ».

Quand je repartais, son chagrin était immense. « Merci, mille fois merci, répondait-elle à ma première lettre, de ton aimable missive. Elle est arrivée juste à temps pour calmer mes angoisses, car j’étais rendue à l’acmé de l’ennui. Tu ne peux croire, tu ne peux com-