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L’AMOUR NE MEURT PAS

se prolongeait parfois jusqu’à une heure très avancée.

Je ne sortais plus que pour aller à l’Hôpital, aux cours ou au comité d’études. Les seuls instants de récréations que je prenais étaient les petits quarts d’heure entre chaque cours de l’après-midi. Je profitais de ces moments de répit pour faire une promenade avec quelques étudiants sur les rues St-Jacques et Notre-Dame, qui me semblaient bien désertes malgré la foule qui les encombrait toujours. J’avais complètement délaissé les soirées, les bals et toutes les réunions du soir pour éviter toute espèce de distractions. Et puis quel plaisir aurais-je pu trouver où ma Rose n’était pas. Je n’aurais éprouvé que l’ennui qui m’aurait rendu maussade. Cependant le lendemain des soirées ou des bals, je me faisais raconter, par mes amis, les plaisirs qu’ils avaient eus, les rencontres qu’ils avaient faites et tous les événements et les épisodes qui pouvaient intéresser ma Rose à qui je rapportais tout pour la distraire pendant quelques instants. Les seules vacances que je pris pendant l’automne et l’hiver de 1887-88, furent mes promenades à Ste-Martine à la Toussaint et pendant les fêtes du nouvel an.

Quand mes lettres retardaient, ma chère Rose s’imaginait encore que je la négligeais, que mon cœur se refroidissait et que j’allais l’oublier. « Pourquoi, me disait-elle, ne m’as-tu pas écrit hier. Si tu comprenais tout mon désespoir, tu ne tarderais jamais de m’écrire. J’ai trouvé la journée si longue que j’ai cru qu’elle ne finirait jamais ; et, pendant la nuit, le peu d’instants que j’ai dormi, j’aurais préféré les passer éveillée, parce que