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L’AMOUR NE MEURT PAS

notre amour, à causer, à nous regarder, à nous sourire ; et, même quand nous nous taisions, il nous semblait entendre les battements de nos cœurs qui disaient notre amour mutuel. Le midi, le soir à table, la plus franche gaieté régnait et nous étions encore heureux. L’après-midi ou dans la soirée, durant nos longues marches, nous regardions l’avenir avec bonheur ; nous bâtissions encore des châteaux ; nous meublions ou nous embellissions les humbles maisons dans les petites campagnes où j’avais déjà en vue d’aller m’établir. Jamais, avant nos promenades, nous n’oubliions notre visite à l’église, à la statue de la Vierge. Nous allions voir des médecins des campagnes environnantes pour leur demander les bons endroits où nous pourrions établir nos pénates. Nous allions visiter les petites campagnes qu’on nous indiquait. Ma Rose en avait déjà choisi une : St-Étienne, un tout petit village de quelques maisonnettes dont une toute blanche, élevée à la croisée des chemins tout exprès pour un médecin qui venait de l’abandonner. Chère Rose, il lui semblait qu’elle l’habitait déjà et qu’elle l’enjolivait de ses mains de fée pour en faire un petit paradis. C’est ainsi que nous passâmes la délicieuse vacance du mois de septembre 1887, qui a laissé dans nos mémoires autant d’agréables souvenirs que les vacances antérieures.

Il m’en coûtait énormément de quitter Ste-Martine après la belle vacance que je venais d’y passer ; j’y laissais des cœurs attendris, et moi-même je n’étais pas le moins affligé. Je partais pour entreprendre la dernière