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et les mêmes couleurs, peut peindre à l’infini des scènes variées. Pourquoi n’en serait-il pas de même de l’amour ? L’œil de l’amie sincère a toujours quelque chose qu’on aime à retrouver souvent : de la sympathie, de la douceur, de l’amour. La bouche, qu’elle sourie ou qu’elle soit au repos, a des attraits qu’on ne peut décrire mais qu’on ne se lasse pas d’admirer. Le cœur a des élans toujours nouveaux et l’âme des sentiments toujours rajeunis. L’amour qui respecte a toujours des feux qui consument mais n’avilissent pas et ne lasse pas. Rose-Alinda et moi, nous trouvions toujours plus de plaisir et de joies dans nos conversations intimes que le libertin n’en trouve dans l’amour charnel de l’amante. Il n’y a point de satiété, encore moins de dégoût, dans l’amour pur et saint de deux âmes nobles, de deux cœurs dignes. Nous nous aimions parce que nos cœurs se comprenaient, et nous n’aurions pas pu aimer d’autre parce que nous étions faits l’un pour l’autre, pour nous appartenir plus tard sans partage comme sans remords. Le temps et l’espace ne pouvaient que réchauffer notre amour, mais ne l’auraient jamais tiédi ou refroidi. Nous nous aimions du plus sincère et du plus profond amour, mais les mois et les années d’attente ne pouvaient jamais le souiller ni même l’entacher. Nous avions encore une vacance dans la charmante petite maison où nous avions coulé tant d’heures heureuses, et nous allions en profiter et en jouir comme de celles des années passées ; ce serait toujours du renouveau dans l’ancien. Le matin, assis l’un près de l’autre en face de ma toile ou du plateau que je peignais, nous trouvions des joies, infinies comme