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L’AMOUR NE MEURT PAS

midi à l’Université ; mais mes soirées étaient gaspillées en flâneries ou en danses.


Enfin novembre (1885) frileux, grelottant s’acheminait lentement vers l’hiver et les jours sombres. Les arbres dénudés depuis déjà longtemps craquaient parfois au souffle impétueux des tempêtes de neige ou des pluies torrentielles. Les beaux jours étaient rares et souvent la promenade était déserte. Pendant les mauvais jours, les étudiants, à l’abri dans le corridor de l’Université, se contentaient de regarder, à travers les glaces de la porte, ruisseler l’eau sur les trottoirs ou la chaussée, ou la neige, soulevée en tourbillon, s’amonceler en face de l’hôtel de ville. Quand les nuages se dissipaient quelque peu, et que le ciel redevenait serein, nous reprenions nos marches au milieu de la jeunesse qui ne manquait pas de revenir.

Un certain après-midi de la fin de novembre, le ciel était clair, la température plutôt froide, mais l’air sec, nous rentrions à nos cours à deux heures, avec l’espoir que nous jouirions enfin, dans quelques instants, de la fin d’un jour d’automne idéal, et que notre promenade serait plus fructueuse en rencontres agréables. Malheureusement, nous avions compté sans la bonne humeur et les dispositions favorables de nos professeurs, qui ressentent eux-mêmes l’influence de la température. Ils se sentent en forme, aussi prolongent-ils leurs cours respectifs. On eût dit qu’ils prenaient plaisir à exercer notre patience. À tour de rôle, ils empiètent sur notre