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à mot mon journal de peur de trop l’affliger, et dans mon journal je n’osais pas toujours mettre les impressions que j’éprouvais parfois de crainte qu’un jour il ne lui tombât entre les mains et qu’elle n’éprouvât elle-même seulement une partie de mes souffrances et de mes angoisses, ce qui lui aurait déchiré le cœur. J’aimais tant ma Rose que je cherchais autant que possible à lui cacher l’horreur de mes ennuis ; mais parfois la douleur était si vive que je ne pouvais plus y tenir, et des cris m’échappaient que j’aurais voulu retenir, mais souvent il était trop tard. Parfois, comme le malade que la douleur torture, j’étais au désespoir et je demandais un calmant, et quel autre que ma Rose aurait pu m’administrer cet analgésique ou ce soporifique. Elle était le médecin de mon cœur et de mon âme, et quand ma douleur était trop aiguë il me fallait bien le lui dire. J’étais loin de ma Rose, et j’avais parfois toutes les peurs de l’éloignement. Je craignais de la perdre, de ne plus la revoir ; je pleurais, je me désolais. Seul l’espoir de la retrouver, de la revoir, de l’enlacer dans mes bras et de couvrir sa belle tête, ses beaux cheveux blonds de mes baisers les plus chauds, calmait un peu mon agonie.

Mais aujourd’hui que je suis âgé, vieux, ma Rose m’a laissé dans un exil plus pénible que le premier. Elle est partie, emportant tout mon cœur, tout mon amour, ne me laissant que le désespoir et son souvenir. Je n’ai plus désormais de patrie, car ma patrie c’était son cœur, c’était elle, ma Rose-Alinda. Elle n’est plus et je suis seul ici-bas. À qui désormais confier mes