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D’autre part, dans le train qui nous emportait, nous regardions, Rose et moi, fuir la ville que nous voyions s’estomper peu à peu dans un brouillard qui finit par l’envelopper complètement et la faire disparaître à nos yeux. Nous étions véritablement comme des écoliers qui laissent le collège et s’en éloignent pour toujours. Notre joie s’en augmentait avec les distances, et quand la ville eut disparu complètement à nos yeux, il nous semblait que le train nous emportait vers des cieux plus cléments où nous retrouverions la paix dans un bonheur plus parfait. Fini le temps de la misère noire ! Fini le temps des épreuves et des ennuis !


Quand je relis aujourd’hui le journal de ces années, il me semble qu’il y a en moi deux personnalités bien distinctes ; le jeune homme de vingt-quatre ans et l’homme dans un âge déjà avancé. En retraçant ces pages que j’écrivais, il y a juste quarante trois ans, il me semble que je suis réellement jeune avec tout le feu et l’ardeur de l’étudiant, et que ma douce amie, ma chère Rose-Alinda est dans toute la fleur de sa jeunesse, qu’elle en a encore tout l’éclat, toute la fraîcheur. Je la vois exactement telle qu’elle était alors, véritable bouton de rose à la veille de s’épanouir.

Relire le journal de mes mauvais jours que j’écrivais il y a juste quarante trois ans à même date, pour ma chère Rose, mon idole, c’est revivre un passé que je croyais enfoui à tout jamais dans les plus grandes profondeurs de l’oubli. Nous étions tellement heureux depuis si longtemps que jamais nous n’aurions pensé à