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L’AMOUR NE MEURT PAS

rester plus longtemps et à passer le mois de septembre pour y attendre le commencement des cours universitaires qui s’ouvraient en octobre à Montréal. Qu’aurais-je fait de plus dans cette ville devenue déserte par l’absence de ma Rose ? J’avais déjà éprouvé assez d’ennuis pour ne pas tenter de recommencer une seconde épreuve dans l’isolement complet.

À la veille du départ, nous éprouvions deux sentiments bien différents. Tout d’abord nous nous affligions de quitter une sœur et une amie pour longtemps peut-être. Les trois sœurs s’aimaient tant qu’elles auraient voulu toujours vivre au même endroit pour toujours se voir. Rose et sa plus jeune sœur n’ignoraient pas que leur sœur Amanda jouissait d’un bonheur parfait, en pleine lune de miel, avec un mari qui la chérissait tendrement ; mais elles savaient aussi que leur présence ne pouvait qu’augmenter ce bonheur. Elles parties, c’était pour cette pauvre Amanda un morceau du Canada qu’elle perdait de nouveau. Cette chère Amanda avait été si bonne pour moi ; elle avait si souvent apaisé mes chagrins, chassé mes ennuis et calmé mes inquiétudes qu’il m’en coûtait de la laisser et de la perdre. Elle avait été pour moi plus qu’une amie, plus qu’une sœur, je la considérais comme une mère, et il me fallait la quitter, j’en avais le cœur malade. Nous pensions, en quittant cette charmante sœur, cette amie sincère, aux ennuis qu’elle éprouverait quand elle serait seule dans sa petite maison. Comme elle devait penser souvent à son cher Canada, à ses amis et à ses sœurs malgré tout le bonheur dont elle jouissait !