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L’AMOUR NE MEURT PAS

saigner abondamment. Mais qu’était-ce que cet amour de collégien de dix-neuf ans qui s’amourache de la seule jeune fille de quinze ans qu’il rencontre dans une famille au milieu de laquelle il passe des vacances à la campagne ? Courir les champs à la recherche de marguerites avec lesquelles on se tressera des couronnes ; s’égarer dans les bois pour cueillir des framboises ou des bluets ; vagabonder sur les grèves, y chercher des cailloux blancs pour les jeter dans l’onde et y tracer des cercles qui vont s’agrandissant ; s’asseoir au bord des ruisseaux qui murmurent des chants mélancoliques ; graver des lettres entrelacées sur l’écorce des arbres ; s’écrire des lettres enflammées quand on s’est quitté après les vacances, est-ce là de l’amour ? Je l’avais cru ; j’avais dix-neuf ans et elle n’en avait que quinze. Mais quelques années ont passé ; la flamme ardente des premiers jours a diminué peu à peu, puis elle s’est éteinte tout à coup, me laissant dans l’obscurité. J’avais tout d’abord cru au vrai bonheur durable, mais les illusions de la prime jeunesse se sont dissipées et mon cœur en est resté ulcéré pendant quelque temps. Aussi ai-je cherché la guérison dans toutes les distractions possibles, mais honnêtes : les soirées, les danses, les réunions littéraires, les leçons de dessin, etc.

Pendant ma première année de médecine, je me contentai de suivre les traditions et les coutumes du temps qui se sont peut-être encore conservées jusqu’à nos jours, c’est-à-dire que je fis, comme les autres étudiants, à peu près rien de bon. Le matin je me rendais régulièrement aux cours et cliniques à l’hôpital, et l’après-