le désespoir des médecins ; comment en effet espérer un bon résultat si les médicaments ne sont pas administrés aux doses voulues et aux heures indiquées ou s’ils ne sont pas donnés du tout. « Combien de fois, disais-je, j’ai rencontré des parents trop pauvres pour se procurer les remèdes les plus simples et les moins dispendieux. J’en avais un chagrin mortel ; les larmes m’en venaient aux yeux, mais j’étais complètement impuissant en face d’une telle misère, parce que souvent je n’avais pas un sou dans ma poche pour en faire la charité, comme mon cœur l’aurait voulu ». Je déplorais alors doublement la pauvreté des parents et ma propre infortune. Que j’aurais voulu être riche et en même temps le médecin des pauvres !
Je décrivais aussi à ma Rose, dans leurs moindres détails, les taudis où le jeune médecin entre plus souvent que son aîné, parce qu’il est plus prompt à répondre aux appels quels qu’ils soient. Avant de partir de son bureau, le jeune médecin ne tend pas la main pour recevoir d’avance le prix de son travail, et cependant il sait bien que le plus souvent il ne recevra comme paiement que la promesse de prières qui sont rarement dites ; mais peu lui importe ; ce qu’il lui faut tout d’abord ce sont des malades pour édifier sur un fond de charité les bases de sa pratique. Quand je disais à ma Rose comment la pauvreté et la misère ouvraient toutes grandes les portes des taudis à la mort qui guettait toujours des victimes, elle en avait le cœur navré, et souvent elle pleurait au récit de ces infortunes. La maladie et la mort des tout petits l’affectaient tout particulièrement. Le plus souvent