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comme un coussin rempli du plus fin duvet. Une main délicate était venue dans mon bureau et y avait accroché ici et là des bibelots réjouissants et des fleurs fraîches ; un esprit enjoué y avait pénétré en y laissant une grande partie de sa gaieté ; un cœur aimant l’avait embaumé du parfum de son amour ; une âme charitable l’avait empli de son esprit d’indulgence ; une femme forte, courageuse, y avait oublié, en faveur de son ami, la confiance en soi-même…

Ma Rose s’était levée de bonne heure le premier matin qu’elle passait à Lowell ; elle voulait me surprendre dans mon petit logis. Je me hâtais de terminer mon travail pour L’Étoile quand j’entendis le timbre à ma porte résonner vivement comme à l’appel pressant d’un malade. Oh ! ma Rose ! toi déjà, toi ici à cette heure matinale ! Je lui ouvrais la porte toute grande et mes bras pareillement. Ma Rose, suivie de ses deux sœurs, entrait dans mon bureau avec un cœur réjoui et une admiration sincère comme si elle eût pénétré dans un palais somptueux. Ses yeux, j’en suis sûr, n’avaient de regards que pour le prince ou le roi qui la recevait. Avait-elle vu, en ce moment, autre chose que son ami, son fiancé, son Elphège ? Charmante Rose, toujours la même, esprit toujours encourageant, âme toujours magnanime, cœur toujours aimable, tu ne voyais pas la simplicité et la pauvreté de mon logement ; tu le voyais et le croyais grand, richement meublé avec des tapis de velours, des tentures en peluche, des rideaux en dentelles, des peintures de prix. Oh ! que je te sus gré d’admirer avec ton cœur et d’embellir, avec ton ima-