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étoiles plus nombreuses scintillaient avec plus d’éclat, que le bonheur rayonnait sur tous les visages que je rencontrais. J’étais si heureux que je croyais que tout dans la nature, êtres inanimés ou animés, jouissaient comme moi d’un bonheur suprême. J’oubliai pour un instant tout mon passé pour ne penser qu’au présent et à l’avenir. Chemin faisant je me proposais, aussitôt arrivé à mon bureau, de transcrire sur mon journal toutes mes impressions qui devaient refléter toute ma joie. Il y avait si longtemps que je n’avais été aussi heureux qu’il me semblait que je pourrais écrire des pages et des pages que j’aurais lues le lendemain à ma Rose, pour lui montrer tous les beaux sentiments et les belles espérances que son arrivée avait fait naître en moi. Malheureusement quand je suis arrivé à mon bureau, il me fallait répondre à l’appel pressant d’un malade auprès duquel je passai une partie de la nuit.

C’est alors que j’éprouvai vraiment ce que peuvent la quiétude de l’âme et le contentement du cœur sur le moral du médecin. C’était peut-être la première fois auprès d’un malade que j’avais la plus entière confiance en moi-même. J’examinai mon patient avec le plus grand calme ; je posai un diagnostic certain, au moins à ce que je crus, et je prescrivis en toute sûreté, sans hésitation. Il m’était arrivé si souvent, comme à tout jeune médecin, d’hésiter et de tâtonner dans le diagnostic et par suite dans le traitement, que parfois je prescrivais une simple ordonnance à l’eau colorée, pour me donner le temps de consulter mes auteurs, d’examiner à nouveau mon malade afin d’établir un