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l’étude, sans attrait ; les journaux, sans nouvelles. Je sortis et je parcourus les rues de la ville ; désertes ou peuplées, elles étaient maussades et ennuyeuses. Je m’en éloignai ; je gagnai la promenade au bord de la rivière ; j’errai dans la campagne. Il me semblait que plus j’avançais plus l’heure retardait. Je revins dans la ville et je me dirigeai vers la maison où j’avais reçu tant de fois des marques de la plus franche hospitalité et de l’amitié la plus sincère. J’espérais y trouver une fois de plus le calme et la joie. Je pensais, insensé que j’étais, que là le temps s’écoulerait plus vite et que les aiguilles des horloges seraient moins lourdes sur le cadran qu’elles parcouraient plus hâtivement.

Madame Amanda, heureuse de revoir ses sœurs après une absence de cinq mois, était tout affairée. Elle ne tenait plus en place dans sa maison qu’elle cherchait à enjoliver davantage ; cependant il manquait bien peu de chose dans cette petite maison que je trouvais déjà si belle et dont je me serais contenté pendant plusieurs années à venir. De la cuisine, madame Amanda courait à la salle à manger, et de là au salon, aux chambres à coucher, déplaçant un meuble, une chaise ; accrochant une photographie, une peinture ; plaçant un ruban ici et là ; disposant des fleurs dans des corbeilles ; retournant de temps à autre à la cuisine pour surveiller la cuisson d’une dinde qui rôtissait en répandant des odeurs alléchantes quand la porte du fourneau s’ouvrait. Je suivais madame Amanda pas à pas, parcourant les chambres avec elle ; l’aidant à replacer les meubles trop pesants ; grimpant sur une chaise ou un escabeau pour