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L’AMOUR NE MEURT PAS

« J’ai tellement hâte, dit-elle, d’arriver à Lowell, mardi prochain, le 28 juin, que je n’ai pas le goût d’écrire et que je n’ai aucune idée, aucune pensée autres que celles de te voir. Je pense sans cesse à mon voyage et au plaisir de tomber dans tes bras pour recevoir tes bons baisers ». Cependant, ma chère Rose trouve encore de bons mots pour m’encourager à persévérer. Elle a hâte d’arriver à Lowell pour m’aider à supporter les petites misères qui sont, hélas ! trop fréquentes pour un jeune débutant dans la vie. Elle est heureuse de lire les louanges que certains journaux m’adressent, et les critiques que d’autres me lancent, parce que, dans les unes comme dans les autres, elle s’imagine retrouver la preuve d’un talent qui perce. Elle dit que les critiques surtout montrent la valeur de celui qu’on attaque. Chère Rose, elle est toujours charitable pour son Elphège qu’elle cherche à grandir continuellement à ses propres yeux. Comment ne pas aimer une amie aussi dévouée, aussi charitable, et toujours aussi encourageante ?… Elle fait déjà ses malles car elle s’imagine que cette manœuvre va abréger la longueur des jours et des heures qu’elle ne cesse de compter avant son départ…

Après le 23 juin, je néglige un peu mon journal ; je n’aurai plus de copie à envoyer à ma Rose à qui je dirai de vive voix ce que je confiais au papier. Mon récit en aura peut-être plus de charme, parce que je ne raconterai que les choses les plus aimables et les événements les plus heureux, et je cacherai plus facilement mes ennuis et mes peines pour ne pas l’attrister et lui