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faisait reparaître. Je rentrai dans mon bureau la mort dans l’âme…

Bonsoir, petite Rose, petite fiancée ; je me couche. Oh ! que je voudrais rester endormi jusqu’au jour où tu viendras mettre un terme à mes angoisses.

J’allais oublier de te dire que la nuit dernière j’ai fait le beau rêve que nous étions unis depuis longtemps, et que nous avions une petite fille de cinq ans avec laquelle nous faisions une promenade en voiture. Ma Rose, ma chère petite fiancée, puis-je jamais espérer tant de bonheur. Que je serais heureux si tous mes rêves ressemblaient à celui-là…

Lundi, 20 juin, 10 hrs p.m. — Il n’y a plus de malades à Lowell, ou je suis complètement perdu aux yeux du public, car je ne vois pas l’ombre d’un patient… Il est bon et utile, dans mes jours de malheur, de savoir griffonner et barbouiller avec plus ou moins d’art quelques feuilles de papier blanc. Si ta sœur, Madame C… qui me reprochait tant mon goût et mon amour de la littérature, était ici aujourd’hui à ma place, elle connaîtrait le prix de ces heures passées à lire et à relire les auteurs que j’aimais tant. Elle verrait le gros intérêt que commencent à me rapporter les quelques sous que j’ai donnés aux libraires et aux bibliothèques en échange de leurs petits livres. Où serais-je aujourd’hui et que ferais-je, si ma plume, bien que jeune et inexpérimentée, ne m’avait pas aidé ? N’est-ce pas elle qui gagne mon pain de tous les jours ? n’est-ce pas elle qui me permet d’acquérir de l’expérience et de t’attendre ici ? n’est-ce