Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
L’AMOUR NE MEURT PAS

à dire ? On m’avait donné, sans que je le demandasse, le livre « Perdue », par Henry Gréville. Je l’avais ouvert machinalement au chapitre XXXII pour y lire cette phrase à laquelle les anciens augures auraient pu attacher toutes les significations possibles pour les attribuer à mes dispositions présentes…

Mercredi, 15 juin, 8¼ hrs p.m. — Aujourd’hui j’ai commencé à suivre la routine ordinaire de mes jours d’attente. J’ai lu beaucoup ; j’ai annoté à profusion mes livres de médecine ; j’ai écrit quelques articles pour L’Étoile, j’ai reçu des patients, et je suis sorti pour parcourir les rues afin d’y trouver quelques distractions. J’ai passé une grande partie de l’avant-midi avec ta charmante sœur Amanda. Nous avons causé beaucoup, mais nous n’aurions certainement pas trop de trois ou quatre jours complets pour vider nos sacs à nouvelles et nous raconter les événements de mes quinze jours d’absence. Inutile de te dire, ma chère Rose, que nous avons plus parlé de toi que de tout autre. Le temps est si agréable et s’écoule si vite quand tu fais le sujet de mes conversations que je suis heureux de rencontrer quelqu’un à qui je puisse m’ouvrir franchement de mon amour pour toi. Si je n’avais peur d’ennuyer tout le monde, je ne parlerais toujours que de toi. Parfois je m’oublie…

Mon retour à Lowell a calmé tous les esprits. Je n’entends plus rien de désagréable. Mes ennemis sont tranquilles. C’est peut-être le calme qui précède la tempête. Peu m’importe ; je ne crains plus rien. Calme ou tempête, je ferai mon chemin sans m’occuper de mes