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moment, quand je venais à peine de la quitter, quand j’avais encore le goût de son dernier baiser sur les lèvres, quand sa voix résonnait encore à mon oreille, c’était un bonheur ineffable. J’aurais causé longtemps encore, si la cloche ne nous avait appelés pour le dîner. J’entrai dans la salle à manger ; ma place y était restée libre. Tous les pensionnaires déjà attablés me reçurent avec un sourire sympathique. J’avais laissé des indifférents et je retrouvais des amis. Je m’efforçai d’être plus gai pendant le repas et je causai un peu avec mes voisines qui parurent apprécier les efforts de mon affabilité.

Après le dîner, madame Boulé revint avec moi dans mon bureau ; elle était si anxieuse de me dire tout ce qui s’était passé pendant mon absence qu’elle ne pouvait attendre une minute de plus. D’après elle, l’écrit diffamatoire du docteur X, n’avait nullement nui à ma réputation ; par contre il avait servi à me faire connaître davantage, car aussitôt après sa publication, la clientèle avait augmenté considérablement, malheureusement je n’étais pas là pour y répondre. Pendant mon absence j’avais perdu la pratique de trois femmes qui réclamaient mes services pour des soins particuliers. Beaucoup d’autres patients s’étaient présentés qui avaient paru fort désappointés de ne pas me trouver. Le colportage de porte en porte de la prétendue lettre du doyen par le docteur Y avait stimulé la curiosité d’un grand nombre de personnes qui se disaient : « Si l’on fait une guerre si acharnée à notre petit docteur, c’est qu’il en vaut la peine et que l’on craint sa science et ses capacités »…

Je passai une grande partie de l’après-midi avec M.