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L’AMOUR NE MEURT PAS

l’épidémie diminua et l’on revit, à de rares intervalles, les jeunes filles et les grandes dames réapparaître à la promenade.

Pour mon ami Joseph Édouard et pour moi-même, le mois d’octobre s’écoulait trop lentement. Nous en trouvions les jours plus longs que d’habitude. Mon ami ne cessait de me raconter les plaisirs de ses vacances, ses conquêtes en amour, ses rencontres agréables avec quelques beautés particulières. Il me parlait surtout souvent, oh ! très souvent, des deux jeunes filles qui avaient le plus frappé son imagination. Il les revoyait dans ses rêves qu’il me racontait toujours. Tous les jours il me promettait de me présenter ses nouvelles connaissances et en particulier les deux plus aimables et les plus jolies dès qu’elles reviendraient à la ville. Novembre était arrivé, mais les amies étaient toujours absentes. Les jours paraissaient s’allonger indéfiniment dans cette hâte que j’avais de connaître ces beautés si attrayantes.

Enfin les beaux équipages et les voitures riches de toutes les variétés circulaient en plus grand nombre. La foule des piétons envahissait les trottoirs de la promenade. Les jeunes filles et les jeunes femmes, bronzées par le soleil de la campagne ou le hâle de la mer, jetaient de nouveau la note claire de leur babil dans la foule des promeneurs. La vie des rues St-Jacques et Notre-Dame renaissait joyeuse et brillante. Je suivais, avec quelques amis, le va-et-vient de la foule animée qui grandissait tous les jours et cependant il me semblait que j’étais seul, complètement isolé dans ce monde auquel je me mêlais par habitude et au milieu duquel j’avais eu tant