Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

accepté les conseils d’autres personnes ou je leur aurais obéi avec moins d’enthousiasme. J’aimais tant ma Rose et je la trouvais si sincère dans son amour que je n’aurais jamais pensé un seul instant qu’elle pût se tromper. Ne voulait-elle pas son bien comme le mien, et n’était-ce pas son avenir que je préparais comme le mien. Me sentir soutenu par ma chère fiancée, c’était me croire dans la bonne voie, et suivre la voie qu’elle m’indiquait c’était mon plus grand désir, mon plus grand bonheur ; je m’y jetais avec ardeur. Peu m’importaient désormais les ennuis et les embûches que j’y rencontrerais, je les combattrais avec courage et je les vaincrais avec facilité parce que ma Rose me le disait et me le promettait. Était-ce de la suggestion ? Peut-être un peu, mais j’aimais tant le médecin ou le conseiller qui me suggestionnait que je ne pouvais pas ne pas lui obéir. L’avenir, de jour en jour, d’année en année, m’a prouvé amplement que j’avais eu raison de suivre les conseils de ma Rose. Aujourd’hui que j’ai vieilli sous le harnais, que j’ai acquis de l’expérience en toutes choses et que je suis à la veille de terminer ma carrière, je m’avoue franchement que, si le passé était à recommencer, je ne le ferais pas autrement et que j’aurais encore le même conseiller. Les luttes que j’ai eu à soutenir, suivant les conseils de ma chère Rose, pendant les cinq mois de mon séjour à Lowell, m’ont été plus profitables que l’expérience que j’ai acquise pendant les cinq premières années du début de ma pratique comme médecin. Plus que cela, ces luttes ont fait un homme de moi.

De retour de Ste-Martine, je repartais le lundi soir, 13 juin, pour Lowell.