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dans L’Étoile, qu’ils veulent que tu continues ton œuvre. En plus, depuis que l’article du docteur X a paru dans L’Étoile, les patients affluent à ton bureau de consultation. … Mon cher Elphège, tu ne m’en veux pas si je t’ai mis dans de beaux draps ? Que je serais malheureuse si tu n’aimais plus ta Rose ou si seulement tu l’aimais moins. Mais non, cela ne se peut pas. Tout ce qui t’arrive maintenant est pour ton plus grand bien Si tes débuts là-bas avaient été faciles, si tu n’avais pas eu à lutter, si tu n’avais pas connu l’ennui, la misère, les tracas, tu serais demeuré à Lowell à faire le bien comme médecin, à rendre des services à tes compatriotes expatriés comme journaliste, mais tu aurais peut-être rougi parfois de n’être pas véritablement médecin diplômé, et c’eût été le remords de ta vie, remords qui aurait empoisonné tes dernières années. Il vaut mieux essuyer les tempêtes de la vie dès le début. Les épreuves du début fortifient, celles de la fin amollissent et tuent. Ton entrée dans le chemin de la vie est semée de ronces et d’épines qui t’égratignent l’épiderme et te déchirent peut-être les chairs, mais endure le mal ; sois courageux ; tes plaies guériront vite car je veux y verser le baume bienfaisant. Tu recueilleras bientôt les roses qui parfumeront le reste de la route ; au moins sois certain que tu en auras une qui ne se fanera jamais, qui te protègera toujours et t’aimera jusqu’à la folie… Mon cher Elphège, si tu m’aimes encore, tu partiras immédiatement ce soir ou lundi le plus tard… Mille baisers de ta Rose qui pleure. »