quelques bonnes paroles, quelques beaux sentiments pour relever mon courage et me donner la force de supporter les épreuves. Elle s’attaque même à mon amour-propre pour me donner du cœur si je parais faiblir un peu. Elle me veut fort, courageux, sans timidité et sans peur. Le 9 juin, Rose me dit ce que sa sœur lui écrit : « Le bruit court à Lowell que le docteur est parti en déserteur ; qu’il a eu peur et qu’il s’est sauvé. Son départ a causé un émoi terrible dans la ville ; on ne parle que de lui ».
Le lendemain, vendredi, 10 juin, ma Rose chérie revient encore à la charge ; mais avec quelle tendre précaution. Elle s’excuse tout d’abord de m’avoir placé dans de mauvais draps ; puis elle me communique la nouvelle lettre de sa sœur Amanda, qui est l’interprète fidèle de tous mes bons amis de Lowell et de tous les membres du Cercle Canadien.
« Mon bien-aimé fiancé, m’écrit ma Rose, une grâce m’est demandée et je t’en communique la teneur dans la lettre de ma sœur que tu trouveras ci-jointe. Oh ! mon cher Elphège, je suis bien peinée ; j’ai le cœur bien malade. Pourquoi t’ai-je conseillé d’aller aux États-Unis ? Si tu es aujourd’hui dans le trouble, à qui la faute ? Je m’en frappe la poitrine en disant : mea culpa. Mais maintenant que le vin est versé, il faut le boire jusqu’à la lie s’il y en a. Ne recule pas, mon cher : fais un autre sacrifice pour ta Rose qui t’en aimera davantage. Encore une fois je te demande de m’obéir. Les membres du Cercle Canadien t’appellent à grands cris ; tu ne peux les désobliger et ne pas te rendre à leur pressante invitation. Tu as rendu tant de services aux Canadiens par tes écrits