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L’AMOUR NE MEURT PAS

Mais, hélas ! au verso, j’ai collé, sans y réfléchir, une découpure d’un journal annonçant au monde la mort de ma Rose. Pourquoi donc faut-il que la mort s’attaque toujours à ce qu’on a de plus cher et vienne toujours attrister nos joies.

Hélas ! ma Rose n’est plus ici-bas pour me redire ce que ces pensées lui ont dit, il y a plus de quarante ans, quand elle les recevait et qu’elle les mettait délicatement et précieusement dans son album, comme des diamants qu’on place dans un écrin. Elles t’ont dit, n’est-ce pas, chère Rose, ce qu’elles m’auraient dit et que j’aurais compris si je les eusse reçues moi-même ; « Nous sommes les messagères de son amour ; conserve-nous longtemps, aussi longtemps que ton amour durera. Nous serons le bouclier de ton amour et du sien, et jamais tant que tu nous conserveras tu ne pourras oublier celui qui nous envoie. » Oh ! ma Rose, quels beaux souvenirs tu m’as laissés ! Plus précieux que des diamants, je veux les conserver jusqu’à mon dernier jour, dans l’écrin que tu as placé sur la petite table, près de notre couche. Je les reverrai souvent le soir avant de m’endormir ; et le dernier soir, quand je devrai dormir mon dernier sommeil, si ma main n’avait plus la force de prendre le précieux écrin pour le mettre sur mon cœur, oh ! que je serais heureux si une âme charitable et une main généreuse le plaçaient là sur mon cœur, entre mes deux mains dont l’une tiendra le crucifix, image de mon Dieu, et l’autre, ton chapelet, souvenir de ta bonté, de ta douceur, de ton dernier adieu et espoir de te retrouver enfin, oh ! tendre Rose.