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L’AMOUR NE MEURT PAS

d’équipage. Ma Rose, je retournerai à Lowell pour finir mon apprentissage. J’y retournerai avec d’autant plus de joie que tu dois y passer deux mois de vacance chez ta sœur Amanda…

Dimanche, 5 juin, 9.45 hrs p.m. — Douce amie, j’arrive de St-Laurent où nous avons fait une promenade ensemble, l’an dernier, tu t’en souviens. Tu te rappelles aussi l’affreuse tempête de neige qui nous assaillit pendant le trajet et le froid polaire qui glaçait tout, nos cœurs exceptés. Tu as laissé un bon souvenir dans la maison de mon oncle où nous nous sommes tant amusés. On y parle encore de ta beauté et de ton bon cœur. Aujourd’hui le trajet me parut bien long ; cependant la campagne était belle, verte, riante, le soleil était radieux ; mais pour moi qu’est-ce que la beauté de la campagne ? que me dit le chant des oiseaux ? qu’est-ce que l’éclat du soleil et la fraîcheur de la soirée, quand tu n’es pas là ? Chère Rose, partout où tu passes germent les fleurs de l’amitié et de la reconnaissance. Nous n’avons qu’à revenir sur nos pas et nous respirons encore le parfum de ton cœur. À peine étais-je arrivé chez mon oncle que mon petit cousin est accouru à moi : « tu remercieras, me dit-il, mademoiselle Rose-Alinda, ta bien-aimée ; elle m’a envoyé un beau cadeau ». Ma petite cousine m’a donné quelques belles pensées ; j’en ai pressé deux que je t’envoie. Reçois-les, chérie, en souvenir de notre voyage à St-Laurent, l’an dernier, et comme un gage de ma fidélité et de ma pensée qui te suit toujours. Conserve-les ; peut-être un jour, exhaleront-elles un parfum qui redira un passé heureux.